F.B.I.

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F.B.I.

Le Federal Bureau of Investigation (Bureau fédéral d’enquêtes) est chargé aux États-Unis, sous l’autorité du ministère de la Justice, d’enquêter sur les violations des lois fédérales à l’exception de celles (contrefaçon de la monnaie, fraude fiscale ou douanière, infractions aux lois sur le régime postal) qui sont spécialement confiées à d’autres organismes. Mais cette institution révèle d’autres caractéristiques plus fondamentales et intéressantes. En premier lieu, elle a coïncidé pratiquement, et cela durant près d’un demi-siècle, avec la carrière d’un homme qui l’a dirigée (J. Edgar Hoover). En second lieu, son extension continue, et parfois tumultueuse, est due d’abord au fait que certains crimes ont été dévolus à la compétence de la justice fédérale et non plus à celle des différents États (rapt d’enfant ou assassinat d’un président – en l’occurrence J. F. Kennedy!), ensuite à un rôle politique aux entrelacs compliqués (raids contre les «révolutionnaires» ou lutte contre les communistes).

Bureau of Investigation

Le Bureau of Investigation (B.I., Bureau d’enquêtes) a été créé en 1908 par le président Theodore Roosevelt pour lutter en particulier contre les «voleurs de terres» qui, dans l’Ouest, s’étaient approprié, avec la complicité de membres du Congrès et de fonctionnaires, des dizaines de milliers d’hectares appartenant à l’État. Cette décision fut prise par l’exécutif malgré l’hostilité des députés fédéraux. Placé devant le fait accompli, le pouvoir législatif s’efforça de définir les attributions du B.I. Il lui confia en particulier les enquêtes sur les violations des lois régissant le commerce entre les États, puis, en 1910, par la loi Mann, la répression de la prostitution. Pendant la Première Guerre mondiale, le B.I. fut appelé à lutter contre les agents allemands dirigés par Bernstoff, ambassadeur du Kaiser à Washington, qui réussirent de nombreuses opérations de sabotage. En 1917, des volontaires se groupèrent au sein de l’American Protective League, qui compta jusqu’à 250 000 membres, pour seconder le B.I. Cette initiative renouait avec la tradition des vigilantes qui, au XIXe siècle, dans l’Ouest, se chargeaient eux-mêmes d’assurer l’ordre. Se livrant à de nombreux abus, ces volontaires s’attaquèrent en particulier aux syndicats ouvriers et, sous prétexte de traquer insoumis et déserteurs, arrêtèrent des dizaines de milliers d’innocents.

Ayant terminé ses études de droit, J. Edgar Hoover (1895-1972) entra en 1917 au ministère de la Justice, où il fut bien vite chargé du service des étrangers. Une loi de 1918 prévoyait que les anarchistes seraient arrêtés et expulsés du pays. En 1919, à la suite d’une série d’attentats terroristes, le B.I. créa une section des renseignements généraux dont la direction fut confiée à J. E. Hoover, alors âgé de vingt-quatre ans. C’est à ce titre qu’il organisa les raids Palmer, du nom du ministre de la Justice, au cours desquels furent arrêtés des milliers de «révolutionnaires» dont la plupart durent être relâchés faute de preuves. J. E. Hoover, malgré les documents de l’époque, s’est constamment défendu d’avoir participé à ces immenses rafles. Toujours est-il qu’à vingt-six ans il fut nommé adjoint de William J. Burns, chef du Bureau of Investigation.

L’entrée en fonctions du président Harding (1921) installa à Washington le « gang de l’Ohio». Ces amis du nouveau chef de la Maison-Blanche, par leurs mœurs douteuses, firent éclater plusieurs scandales dont le plus important aboutit à l’inculpation d’Albert B. Fall, ministre de l’Intérieur, accusé de trafic sur les réserves de pétrole. William J. Burns, directeur du B.I., fut alors contraint de démissionner (1924) et remplacé par J. E. Hoover, âgé de vingt-neuf ans. Avec cette promotion, le F.B.I. se transforme en Federal Bureau of Investigation (F.B.I.), qu’Edgar Hoover a dirigé jusqu’au début de 1970, sous la présidence de Clavin Coolidge, Herbert Hoover, Franklin D. Roosevelt, Harry S. Truman, Dwight D. Eisenhower, John F. Kennedy, Lyndon B. Johnson et Richard Nixon. Le F.B.I. compte à ce jour plus de 15 000 employés.

Federal Bureau of Investigation

Extension des possibilités, prérogatives et succès

J. E. Hoover a épuré le personnel du F.B.I. auquel il a imposé de strictes règles de conduite, mais surtout il a augmenté les effectifs dont il disposait et introduit les méthodes scientifiques les plus modernes. L’Académie nationale du F.B.I. a assuré la formation professionnelle de nombreux policiers appartenant soit à la police fédérale elle-même, soit aux polices des États, soit à des polices étrangères.

La réputation du F.B.I. date des années 1930-1939, pendant lesquelles il lutta efficacement contre les gangs qui proliféraient à l’époque de la prohibition. À la suite du rapt du fils de l’aviateur Lindbergh (1932), le président Franklin D. Roosevelt fit voter une loi qui classait comme crimes fédéraux, donc du ressort du F.B.I., toutes les affaires d’enlèvement dans lesquelles les ravisseurs passaient d’un État à un autre. Un autre texte classait dans la même catégorie les demandes de rançon adressées par l’intermédiaire du service fédéral des postes. En 1934, une loi prévoyait la peine de mort pour les ravisseurs, pendant que passaient sous la juridiction du F.B.I. toute une série de délits tels que le cambriolage d’une banque nationale, le transport de marchandises volées d’un État dans un autre, le passage d’une frontière d’État par un inculpé, le chantage ou l’extorsion de fonds aux dépens d’hommes d’affaires se livrant au commerce entre États, etc. Ces textes, à l’époque, furent considérés comme très audacieux, car ils étendaient les responsabilités d’un organisme fédéral au détriment des autorités de chaque État de l’Union, fort soucieuses de sauvegarder leurs prérogatives. Avant l’adoption de ces dispositions législatives, lorsque la police d’un État poursuivait des voleurs de voitures ou les auteurs d’une attaque à main armée, elle était tenue de s’arrêter aux frontières de l’État, pendant que les gangsters trouvaient un refuge provisoire dans l’État voisin et parvenaient ensuite à brouiller leur piste. L’intervention du F.B.I. dans toutes les affaires qui, en vertu de la loi, devenaient «fédérales» du seul fait du passage d’une frontière entre États, permit dès lors d’améliorer les bilans du F.B.I. Mais il fallut attendre l’assassinat de John F. Kennedy, en 1963, pour qu’une nouvelle loi qualifiât de crime fédéral, relevant de la compétence du F.B.I., le meurtre d’un président des États-Unis ou des personnalités éventuellement appelées à lui succéder.

Dans sa lutte contre les gangs des années trente, le F.B.I. mena avec succès bon nombre d’opérations qui lui assurèrent un grand renom. Il captura ou tua les responsables du massacre de Kansas City (1933); s’empara des auteurs du rapt de Charles Urschel, parmi lesquels le célèbre gangster «Machine Gun» Kelly, qui passe pour l’inventeur de la formule G-men (government men ) désignant les agents fédéraux; exécuta Bonnie Parker et Clyde Barrow, captura la bande Barker-Karpis, etc.

Rôle politique: orientation et déficiences

Une nouvelle activité incomba au F.B.I. pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque Franklin D. Roosevelt lui confia la lutte contre l’espionnage, le sabotage et la subversion. À cette occasion, il élargit son champ d’action à l’ensemble de l’Amérique latine, où opéraient des agents nazis. En même temps, il enquêta sur les activités des communistes et nombre de ses agents s’infiltrèrent au sein du Parti communiste américain, ce qui lui permit d’enregistrer de nouveaux succès pendant la guerre froide. Les arrestations de Fuchs, Harry Gold, Julius et Ethel Rosenberg – ces deux derniers condamnés à mort et exécutés à Sing Sing –, marquent cette période, ainsi que la capture de l’espion soviétique Rudolph Ivanovitch Abel, colonel du N.K.V.D., échangé en 1962 contre Francis Gary Power, pilote de l’avion espion U-2 abattu au-dessus de l’U.R.S.S. Le F.B.I. fit condamner divers dirigeants communistes américains et quantité de personnalités, comme Alger Hiss ou Harry Dexter White, pendant la période de «chasse aux sorcières» qui servit la carrière politique de personnalités comme Richard Nixon et le sénateur Joseph McCarthy.

Le F.B.I. dut se défendre contre de nombreuses critiques. On lui a reproché de n’avoir guère osé s’attaquer au «syndicat du crime» et d’avoir manifesté moins d’énergie contre les organisations de droite comme le Ku Klux Klan, que contre le Parti communiste. Le pasteur Martin Luther King se plaignit de son inefficacité dans la répression des crimes racistes. Pour sa défense, le F.B.I. met en cause la police et les jurys des États du Sud. En outre, les journaux libéraux s’inquiètent du fait que le F.B.I. possède sur fiches 174 millions d’empreintes digitales et beaucoup de dossiers pouvant être utilisés à des fins politiques.

F.B.I.
Sigle de Federal Bureau of Investigation, la police fédérale des È.-U.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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